top of page

Clarinette

Towards the words

Solo clarinette

Commande du Festival MOSAÏQUES pour Benjamin Maneyrol

Création le 5 septembre 2025 à Bruxelles

.jpg

Father, father, where are you going O do not walk so fast. Speak father, speak to your little boy Or else I shall be lost, The night was dark no father was there The child was wet with dew. The mire was deep, & the child did weep And away the vapour flew Le poème « The little boy lost » est tiré des poèmes illustrés de William Blake, Les Chants de l'Innocence (1789), pour lesquels il a ensuite réalisé un recueil complémentaire, Les Chants de l'Expérience. Bien que ce poème ait la forme d’une chanson, d’une comptine, d’un texte très simple, il a été pour moi très signifiant par l’histoire qu’il raconte. Un petit garçon croyant suivre son père, se trompe et suit un feu follet, « the vapour » qui est une lumière phosphorescente, brillante. Il perd alors contact avec son père et se retrouve dans la fange et les marécages, complètement perdu, effrayé, seul et désespéré. Mais c’est la fuite et le refus de parler de son père tels qu’évoqués au début du poème qui ont été très signifiants pour moi. Une fuite et un mutisme aux conséquences dramatiques pour l’enfant et qui causent sa perte. Se joue ainsi une scène très théâtrale et poignante d’abord intérieure par l’appel désespéré du petit garçon dans le premier quatrain, ensuite extérieure par la description de l’environnement angoissant des marais et des pleurs de l’enfant dans le deuxième quatrain. Plus encore et sous un aspect psychanalytique, il m’a semblé que l’absence totale de la parole paternelle serait à jamais pour l’enfant la source d’un manque profond, archaïque, existentiel et inexpugnable et qu’il s’en suivrait alors un élan éperdu vers les mots, entre la rage, le désespoir, la joie, l’amour et finalement le chant. C’est ainsi le chant de la clarinette qui s’élève en dernier, comme un ailleurs, comme l’élan vers les mots. Enfin de la même façon que l’enfant est soumis arbitrairement à la fuite de son père, la pièce est entièrement soumise à la structure d’une fugue, la fuite par excellence en musique. Il s’agit de la fugue en ré majeur du second livre du Clavier bien tempéré de J.S.Bach dont elle suit rigoureusement les strettes successives. La pièce est dédiée à Francis Martens.

bottom of page