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Opéras

La lettre volée

Opéra de chambre d’après la nouvelle éponyme d’Edgard Allan Poe pour 6 chanteurs et ensemble de 11 instrumentistes : clarinette, saxophone, cor, percussions, accordéon, piano, quintettes à cordes 

Création festival Ars Musica en novembre 2017 au Théâtre de la Balsamine (Bruxelles) par l’ensemble Sturm und Klang, sous la direction de Thomas Van Haeperen, mise en scène Frédéric Dussenne

Livret de Pascal Nottet et Denis Bosse

 

50 minutes

Cet opéra de chambre est l’affirmation d’un aspect essentiel de ma démarche. En effet, depuis plus de vingt ans, mon travail artistique repose sur l’écriture de lettres musicales. Les composer pour un destinataire est pour moi une façon d’aborder la question du parcours de l’œuvre d’art. L’auditeur détourne la lettre musicale de son parcours direct vers le dédicataire initial, par son écoute qui est une nouvelle destination. Ce paradoxe me semble être au cœur de toute production musicale. Dans « Denis Bosse, compositeur épistolier », une interview réalisée en 2012 par Isabelle Françaix, j’ai eu l’occasion de décrire cette démarche en détail. Elle trouve son point de consécration dans mon opéra autour de la nouvelle d’Edgar Allan Poe, "La lettre volée". L’auteur y raconte le parcours d’une lettre compromettante envoyée par un Duc à une Reine. Dérobée et falsifiée, elle est cachée par un Ministre maître-chanteur. Seul Dupin, le détective, qui la cherche là où, introuvable, elle est pourtant mise en évidence, permet enfin qu’elle soit restituée à la Reine. La lettre suit donc de nombreux détours avant de parvenir à destination. Ce premier détournement de l’œuvre d’art en cache un autre. Il présente une dimension symbolique que Marie Bonaparte, Jacques Lacan, Jacques Derrida et Philippe Sollers ont analysée dans le récit de Poe. L’adresse au destinataire (la Reine chez Poe, des personnes choisies dans mes lettres musicales) cache une adresse plus profonde à l’Autre avec un grand A. Celui-ci présuppose toute prise de parole. La Lettre volée en est le manifeste musical. C’est mon ami Pascal Nottet, poète, philosophe et psychanalyste, qui un jour, au détour d’un verre au café Falstaff, m’a mis sur la piste de cette scène théâtrale implacable et psychanalytique dans laquelle sont enfermés les personnages. La rédaction commune du livret avec lui fut une deuxième étape de notre collaboration. Un chemin fait de plusieurs tentatives pour retrouver cette étincelle de départ, pour en évaluer toute la portée, en pénétrer tous les aspects et s’engager à les soutenir artistiquement. De ce jaillissement créatif, j’ai gardé un petit set de table sur lequel nos écritures se mélangent, acte de naissance de l’opéra.

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